Dakar, Sénégal
+221 77 192 81 45
contact@cshm.sn

Importance de l’enseignement de l’histoire militaire au Sénégal et enjeux du 50e Congrès de la Commission internationale d’histoire militaire (CIMH) de Dakar (1er – 5 septembre 2025)

Commission Sénégalaise d’Histoire Militaire (CSHM)

Importance de l’enseignement de l’histoire militaire au Sénégal et enjeux du 50e Congrès de la Commission internationale d’histoire militaire (CIMH) de Dakar (1er – 5 septembre 2025)

Mor Ndao ,Professeur Titulaire des Universités Inspecteur Général de l’Éducation et de la Formation Président de la Commission Sénégalaise d’Histoire Militaire Docteur en Histoire, Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences Humaines Directeur de l’Ecole Doctorale Etudes sur l’Homme et la Société ED ETHOS

Elément important de la culture militaire, l’histoire militaire peut être définie comme une branche de l’historiographie dont l’objectif est d’étudier la guerre dans ses différentes composantes militaires (personnel militaire, recrutement, conduite des opérations militaires, institution et administration militaire), et son impact sur la politique, l’économie, la culture, la géographie et la société. L’histoire militaire occupe une place importante dans l’éducation et la formation du soldat. Son rôle formateur dans la carrière de l’officier et du citoyen responsable n’est plus à démontrer. Son enseignement, sa connaissance ainsi que les retours d’expérience constituent un outil majeur d’analyse et de compréhension dans la préparation des opérations. Au Sénégal, l’histoire militaire représente un vaste champ d’étude qui, depuis quelques temps, commence à être défriché et exploré par la recherche historique. En effet, le Sénégal est l’héritier d’une longue tradition d’histoire militaire remontant à l’époque des grands empires du Soudan médiéval et de la Sénégambie. Les forces armées sénégalaises sont ainsi marquées par des influences multiples et diverses. L’histoire, la géographie, l’Islam, le commerce transsaharien, l’ouverture atlantique et la colonisation se sont conjugués pour donner des structures originales à nos forces armées. Les forces armées sénégalaises s’inscrivent, au lendemain des indépendances, dans une ère d’ouverture et de coopération militaire multiforme axée sur les échanges et sur la formation des officiers. Des structures et des écoles de formation militaires sont, dans ce contexte, mises en place et animées par des universitaires, des militaires, des magistrats, des diplomates, etc. Les faits de guerre et d’histoire militaire autour de figures
emblématiques de l’histoire sénégambienne et africaine sont présents dans les programmes d’enseignement élémentaire et moyen-secondaire général.
L’enseignement de l’histoire militaire du Sénégal devient un enjeu important pour notre pays face à une jeunesse souvent en perte de repères et de références dans un monde aux enjeux multiples, complexe et de plus en plus incertain.
La mise en place des LYNAQE (Lycée Nation-Armée pour la Qualité et l’Equité) s’inscrit dans le cadre du renforcement de l’excellence académique et civique des jeunes sénégalais grâce à une formation et une éducation aux valeurs, à la citoyenneté.
L’enseignement des faits militaires et des évènements importants connus par notre pays comme le massacre de Thiaroye le 1er décembre 1944, la résistance des femmes de Nder, de Lat Dior, d’Alboury Ndiaye, de Maba Diakhou Ba, de Djignabo Basséne, d’Aline Sitoe Diatta, permet de panser la mémoire collective, de consolider notre souveraineté, d’instaurer une culture de la paix et de renforcer nos sentiments patriotiques. L’enseignement de l’histoire militaire permet aux officiers sénégalais de recevoir une solide culture historique leur permettant de comprendre les questions d’actualité et de géopolitique régionale et mondiale dans ce contexte surtout marqué par
les coups d’états militaires, les
rebellions, les guerres, le terrorisme, les conflits ethniques et identitaires, etc. Du 1er au 5 septembre 2025, le Sénégal, à travers la Commission sénégalaise d’Histoire Militaire (CSHM) créée par arrêté du Ministère des Forces Armées (No 16553 du 30septembre 2013) va accueillir le 50ème Congrès de la Commission Internationale d’Histoire Militaire. Cette rencontre internationale offre l’occasion de réunir
à Dakar des experts en histoire militaire (Universitaires, militaires à la retraite et en activité ) du monde entier pour débattre sur le thème « Rebellions et souveraineté à l’époque contemporaine (de 1800 à nos jours) » autour de quatre axes :

  • Axe 1 : typologie des rebellions : formes et caractères des rebellions
  • Axe 2 : facteurs, causes, origines des rebellions
  • Axe 3 : les souverainetés à l’épreuve des rebellions
  • Axe 4 : les conséquences des rebellions La rébellion peut être définie comme tout acte de
    dissidence, d’insurrection, de révolte, de séparatisme, de fronde ou de soulèvement. Elle réfère au fait d’opposer une résistance violente à une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, dans l’exercice de ses fonctions, pour l’exécution des lois, des ordres de l’autorité publique, des décisions ou mandats de justice. Individuelle ou collective, organisée ou désorganisée, passive ou active, la rébellion, dans ses formes, est aussi vielle que les sociétés humaines. En effet, la violence, trait commun de l’humanité, est le lot quotidien des sociétés humaines.
    A partir du XIXe siècle, l’essor de la révolution industrielle, l’expansion des puissances coloniales, le développement du colonialisme et de l’impérialisme inaugurent une série de crises (révoltes, rébellions, sécessions) à la fois locales et internationales qui vont soumettre à rude épreuve l’ordre public.
    L’Afrique post- coloniale est ravagée par une série de coups d’États,
    rebellions et sécessions (Katanga
    1960-1964, Biafra en 1967-1970…) qui ont menacé la stabilité du continent. Le génocide rwandais de 1994, les rebellions en République Démocratique du Congo depuis 1960, en Éthiopie, en Érythrée, au Soudan, en Centrafrique, au Tchad, au Mali, au Niger, au Burkina, dans le sud du Sénégal avec le MFDC, etc., sapent les fondements de la cohésion nationale. Dans le Sahel, la porosité des frontières et la facilité de circulation des armes consécutive au renversement de Kadhafi en Libye, ouvrent la porte à une instabilité qui, au fil du temps, profite aux mouvements djihadistes. Ainsi, les XIXe et XXe siècles sont caractérisés par des rebellions qui
    remettent en cause le fondement des
    États et posent la problématique des reconfigurations géopolitiques actuelles en Amérique, en Europe, en Asie et en Afrique. Dès lors, le choix du thème de ce congrès, sur « Rebellions et souveraineté à l’époque contemporaine (de 1800 à nos jours) », trouve toute sa pertinence.
    Rappelons que la Commission internationale d’histoire militaire (CIMH), fondée en 1938, est une organisation internationale à but non lucratif et non gouvernementale affiliée au Comité international des sciences historiques. « Le but de la CIMH est de favoriser et de coordonner les études et les recherches dans le domaine de l’histoire militaire au sens le plus large, dans un esprit d’amitié internationale, afin que les chercheurs puissent mieux se connaître, coopérer et partager les résultats de leurs travaux ». L’ICMH promeut la recherche, la publication l’enseignement de l’histoire militaire à l’ et échelle mondiale.
    L’ICMH se concentre sur l’histoire militaire au sens large : l’histoire de la guerre, des campagnes militaires, des forces armées, de la pensée militaire, les aspects diplomatiques des conflits, les causes et effets des guerres, l’économie de la défense, les relations civilomilitaires, la technologie militaire, le leadership militaire et la démographie des forces armées. La CIMH est structurée en organes directeurs, commissions nationales et comités spécialisés (archives, bibliographique, pédagogique). Chaque commission nationale est autonome et parraine également des activités d’histoire militaire au sein de son propre pays.
    Le 50ème Congrès de la Commission Internationale d’Histoire Militaire prévu à Dakar est d’autant plus important, qu’outre la célébration de son cinquantenaire, le bureau sera renouvelé au Sénégal. Ce qui dénote de l’importance de ce congrès de Dakar, le deuxième organisé en Afrique subsaharienne après celui du Cameroun tenu en 2017.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *